14 Avr

Rassemblement des Premières

Sans attendre quelques lignes, voici les premières photos de la Messe du Rassemblement des Premières, mardi 14 avril, autour du thème « Jeanne d’Arc, Jeunes d’Aujourd’hui »… Parmi 1.000 jeunes de l’Enseignement Catholique de Haute-Normandie, plus de 90 élèves de Première de l’Institution, accompagnés par une dizaine d’adultes, ont participé à ce grand rassemblement. Merci à tous ceux qui, depuis plus d’un an, ont oeuvré pour cette journée.

 

Voici l’homélie de Mgr Jean-Charles Descubes, Archevêque de Rouen, lors de la Messe à la Cathédrale :

Elle a 19 ans. Son histoire va s’achever par un cri au milieu des flammes d’un bucher dressé sur la place du Vieux Marché de Rouen.

 

Tout a commencé dans le jardin de son père à côté de l’église de Domremy ; elle a 13 ans ; elle y entend une voix. Lors de son procès de  condamnation, elle déclare qu’elle venait de Dieu. A moins d’être un lâche, on ne se dérobe pas devant la Parole de Dieu.

 

Il n’y a pas de réseaux sociaux à l’époque, mais le soir on se réunit entre voisins et on parle. Jeanne n’ignore rien de la situation dramatique et injuste faite à son pays.

 

Dynamisée par sa foi, elle entre en résistance. Pas sur un coup de tête. Elle réfléchit et murit son engagement, trois à quatre ans, le temps d’un lycée. Alors, à 17 ans, rien n’arrête plus la jeune fille, ni le scepticisme du roi et de ses conseillers, ni les doutes et les moqueries, ni les raisonnements des juges et des théologiens incapables d’admettre que les faits ne soient pas ce qu’ils ont décidé qu’ils devaient être en fonction de leur conception de la société ou de leurs ambitions. Son aventure soulève l’enthousiasme. L’espoir renait partout.

 

Puis détenue et jugée dans des conditions dont il ne faudra pas longtemps pour qu’elles soient déclarées illégales, Jeanne d’Arc reste ferme et fidèle à ses valeurs.

 

Si, besoin en était, au fur et à mesure de votre parcours de cette journée, vous avez découvert combien :

         des regards, des commentaires, des jugements a priori peuvent tuer au sens propre comme au figuré ;

         les emprisonnements sont destructeurs et finissent par annihiler la liberté : la lumière d’un jour de mai après des mois passés dans un cachot obscur, la foule hostile et la mise en scène macabre d’un tribunal au portail des Marmousets de l’abbatiale Saint Ouen ont eu un moment raison de Jeanne : elle abjure mais très vite se reprend. Les enfermements de notre époque s’appellent : l’alcool, le tabac, le cannabis, la pornographie … Aujourd’hui, vous aussi, vous êtes invités à vous reprendre.

          

L’histoire de Jeanne d’Arc devait s’achever avec son exécution. Elle continue. A chaque époque des jeunes la poursuivent. Il leur revient souvent en effet d’être aux avant-postes de la défense et de la promotion des libertés quand elles sont menacées.

 

Je pense aux lycéens entrés en résistance quand la France était occupée au cours de la Seconde guerre mondiale, ou plus récemment encore à Malala Youzafzai, la jeune pakistanaise, Prix Nobel de la Paix, révoltée par l’injustice qui interdit l’accès à la culture aux filles de son pays.

 

Malgré son angoisse et sa peur à l’approche d’une mort affreuse, Jeanne d’Arc accepte de perdre sa vie plutôt que de se renier et de payer n’importe quel prix pour la sauver. Elle s’en remet à Jésus que par six fois elle appelle au milieu des flammes.

 

Alors vous qui avez l’âge de Jeanne d’Arc :

         Quelles sont vos révoltes devant les injustices et les inégalités de ce monde ?

         Quels sont vos engagements :

o   pour qu’aucun de ceux et de celles qui partagent votre existence, ne se sente jugé a priori, enfermé dans sa réputation ou exclu,

o   pour que la dignité de chacun soit respectée et promue dans vos lycées certes mais sans doute plus encore dans l’utilisation des réseaux sociaux dont vous savez combien ils peuvent être à la fois enrichissants et destructeurs ?

o    

Et si nous partageons la foi chrétienne de Jeanne d’Arc, nous savons que nos choix, nos décisions, nos engagements sont la réponse que nous donnons à Dieu quand nous ne nous dérobons pas devant sa parole. Cette réponse peut parfois sembler exigeante et ardue mais elle ouvre toujours un chemin de bonheur et de liberté.