Depuis des temps immémoriaux, un crucifix monumental veille sur les élèves empruntant l’escalier principal du bâtiment Collège. Mercredi 6 décembre dernier, au matin, l’équipe de l’atelier lui a fait bénéficier d’un nettoyage bien mérité. L’occasion idéale pour quelques anecdotes historiques…

Si des sources trop lacunaires ne nous permettent pas de dater avec précision l’installation du crucifix dans l’escalier, mention est faite, autour du printemps 1941, d’un événement qui mérite d’être rappelé. Au mois de mai, le pays est occupé ; l’Institution Join-Lambert l’est également en partie… L’armée allemande a réquisitionné une partie des locaux. Le drapeau à croix gammée outrage le fronton de l’Institution… Quelques stigmates – fort à propos sauvegardées par l’intercession salvatrice d’un amoureux de l’Institution il y a quelques années déjà… – demeurent toujours visibles le long du mur de la chapelle, de part et d’autres du haut relief de Saint Jean-Paul II. Il s’agit des plaques d’immatriculations des véhicules de la Wehrmacht. En effet, les préaux Julien, sous lequel s’adonnent aux plaisirs pongistes aujourd’hui nos jeunes collégiens, ont servi un temps de parking à l’occupant ! Et c’est en réponse à cette occupation et aux exactions qui en découlèrent, que le chanoine Plé, sixième Supérieur de l’Institution Join-Lambert, fit desceller le crucifix de son emplacement actuel (alors appelé « bâtiment des Moyens ») afin que le Christ n’en soit témoin… On ne peut s’empêcher de constater la perpétuation de certaines valeurs toujours chéries en nos murs : prendre soin…

Depuis la fin de la guerre jusqu’à ce jour, toutes les promotions de collégiens empruntent quotidiennement l’escalier que le temps, cette épaisseur dans laquelle se figent les choses, a renommé comme étant « celui du Christ ».

Riccardo BERGOMI