21 Août

En hommage à Pierre Mégard

Le 7 août dernier, Pierre MEGARD est décédé.

Voici deux textes. Le premier a été lu par M. François VERMESSE, Président de l’O.G.E.C., à l’issue de la Messe d’obsèques, le 13 août. Jean-Dominique EUDE, Directeur, a rédigé quelques lignes spontanées, en apprenant la nouvelle.

Pierre Mégard

 

Join-Lambert ! Un nom qui résume toute ta vie associative…

Pour beaucoup d’entre nous, le nom de cette grande et noble Institution rouennaise reste le souvenir plus ou moins lointain de nos années d’école, de collège et de lycée. Pour d’autres, au-delà de la scolarité, ce sont plusieurs années passées à servir l’enseignement catholique. Pierre, lui, compte parmi ceux qui ont énormément donné à cette institution.

Entré le 29 septembre 1933, à l’âge de sept ans, tu es sorti bachelier le 1er juillet 1945. Cette date aurait pu marquer, comme pour beaucoup d’élèves, une rupture avec l’établissement. Tu as alors souhaité intégrer l’association des Anciens Elèves et, plus précisément « Le Perchoir », promotion de terminale avec Georges Rousseau, François Potel, Michel Aupée, Pierre Lefort, François Hamel et d’autres qui voudront bien m’excuser de ne pas les citer.

Parallèlement à cela, tu as accepté de prendre la présidence de l’Organisme de gestion lors de sa création le 27 juillet 1971. Jusqu’en septembre 1982, date à laquelle Pierre Alzon a pris ta succession à la tête de l’OGEC, ta clairvoyance et ton esprit d’entreprise ont permis de mener de grands projets pour améliorer sans cesse les conditions d’enseignement au sein de l’Institution. C’est ainsi que grâce à ta pugnacité, le « Stade » de la rue Maladrerie a vu le jour et a, jusqu’à ces dernières années, permis à nos élèves d’exercer une activité physique dans de bonnes conditions. Tu as permis à notre établissement de bénéficier de cet emplacement durant trente années dans des conditions financières particulièrement avantageuses. En 1971, dès le début de ton mandat, tu as signé un partenariat avec la société de restauration toujours présente aujourd’hui à nos côtés. Bien d’autres réalisations sont à mettre à ton actif et à celui de l’équipe que tu dirigeais : Le Parloir qui a vu tant et tant de familles attendre le rendez-vous fixé avec le Directeur ; la transformation de la salle de cinéma ; la création de l’auditorium, la réfection de l’internat, les salles d’histoire et géographie de « Pionville »…

En 1982, tu décides de passer le relais à Pierre Alzon, déjà membre de ton conseil d’administration et ami de longue date. Tu restes cependant présent au sein du conseil et ce jusqu’à ces dernières semaines. C’est ainsi que, malgré une certaine fatigue, tu étais encore des nôtres à la réunion du 4 juillet dernier marquant la fin de l’année scolaire.

Au moment où beaucoup de nos concitoyens dont nombre de tes amis sont en vacances, tu as choisi de partir aussi discrètement que l’a été ta présence à nos côtés, discrète mais ô combien efficace. Tu nous quittes dix ans après ton grand ami, Monseigneur Bernard Morin, et je sais à quel point la vieille amitié fraternelle qui vous réunissait n’était pas un vain mot.

Durant les dix années qui viennent de s’écouler, tu as toujours été à mes côtés pour me prodiguer tes conseils. Nos discussions ont toujours été particulièrement chaleureuses et marquées par ta volonté de poursuivre la route tracée pour un rayonnement toujours plus fort de notre établissement et de l’enseignement catholique. Le regroupement de trois établissements privés rouennais en 2009 nous a contraints à procéder à un changement de nom de l’Institution. Tu as alors volontairement martelé le nom de Join-Lambert à maintes reprises, montrant ton total et indéfectible attachement à l’Institution que tu as toujours connu. Nous avons pu souvent échanger à ce sujet pour poursuivre ensemble la mission qui nous était confiée. Je peux reprendre ici l’engagement pris devant toi de ne jamais bouger la statue de l’abbé Join-Lambert car elle est l’âme même de notre institution et de notre mission.

Tu es désormais auprès de Bernard Morin et de bon nombre de tes amis du « Perchoir ». Je regrette que tu ne sois plus parmi nous pour recevoir en octobre prochain le Mérite Diocésain pour lequel j’avais déposé une demande en début d’année.

Ton épouse a partagé avec toi les moments importants de la vie de l’Institution. Soyez assurée, Micheline, ainsi que vos enfants, que Pierre continuera de nous guider et de m’accompagner. Lors de notre prochaine réunion, je solliciterai le Conseil d’administration pour qu’un espace de l’Institution porte le nom de Pierre Mégard.

Nous n’oublierons pas ta grande et belle vision de l’engagement, de la bienveillance et de l’humour.

Merci Pierre.

François VERMESSE, Président d’OGEC

*

« Que comptez-vous faire pour l’Institution ? » C’est par ces paroles, directes et on ne peut plus explicites, que Pierre Mégard m’a accueilli, en juin 2008, lors d’un Conseil d’Administration de l’O.G.E.C., quelques semaines avant ma prise de fonction. En quelques mots, tout était dit. Il m’avait ensuite posé quelques « petites » questions, plus incisives, plus piquantes ; voilà mon premier souvenir de Pierre : un homme déjà âgé, certes, mais d’une lucidité et d’une intelligence rares. De celles qui font poser les bonnes questions ; de celles qui envisagent un dossier ou un projet sous toutes ses facettes, y compris sous des angles enquiquinants mais nécessaires.

Pierre était aussi un homme qui savait dire merci. Lorsque, par un travail acharné et en profondeur, les effectifs de l’Institution sont repartis à la hausse, Pierre a été un des premiers à me dire merci. Lui, l’ancien président gestionnaire, sut trouver les mots pour encourager « Monsieur le Directeur », avec ses yeux pétillants et un sourire teinté de malice, qu’on devinait aux commissures de ses lèvres fines et expressives.

Quant à son esprit de répartie, il était clair qu’il faisait mouche à chaque fois. Il était immédiatement frappant de constater qu’en tout, il cherchait la vérité, par-delà les convenances ou les petits arrangements qui caractérisent souvent les médiocres. Il souhaitait, pour l’Institution, ce qu’il y avait de mieux, pour l’action du Directeur et pour le quotidien des élèves. Dans une posture indépendante et passionnée, l’humour de Pierre, si typique, était souvent une façon d’envelopper l’exigence dans la charité ; la marque des grands.

Souvent, Pierre m’a dit, nous a dit, que le « Perchoir » commençait à ne plus compter grand monde et que le prochain à partir, ce serait lui… Et puis, on se retrouvait finalement au Conseil d’Administration qui suivait, à la soirée de fin d’année. On savait tous très bien qu’il fallait profiter pleinement de ce sursis et de la joie d’être ensemble.

Que Pierre, ancien élève de Join-Lambert (sous le numéro 588), soit inhumé un 13 août, jour de la saint Hippolyte, a été pour moi un clin d’œil qu’il aurait aimé, j’en suis persuadé. Oui, bien sûr, je suis triste, comme, je le crois, tous ceux qui l’ont connu. Mais, en même temps, je rends grâce à Dieu et suis fier d’avoir partagé avec lui ces dix années de route commune, d’avoir ri avec lui ou de m’être soucié avec lui. C’est certain, Pierre était un grand Monsieur.

Il reste, c’est évident, un exemple à suivre. Pierre restera dans nos mémoires et dans nos cœurs, comme un modèle ; c’est une évidence. Homme de foi, il continuera de prier pour notre action, pour nos jeunes et pour l’Institution. C’est toute la force inépuisable de la Communion des Saints. Nous maintiendrons avec fierté et poursuivrons l’œuvre accomplie, dans le service et la fidélité.

Jean-Dominique EUDE, Directeur