18 Avr

Projet « Pavés de la mémoire »

Les Stolpersteine, « pavés de la mémoire », sont arrivés voici dix jours. Ces « pavés de la mémoire » sont très émouvants et d’une belle couleur chaude et cuivrée.

Voici, en photo, les « pavés de la mémoire » des familles Abramovitch et Cofman. Les élèves de Troisième ont travaillé toute la première partie de l’année, en classe, aux archives départementales (Fonds 3352W2), sur ce projet, en lien avec le programme d’Histoire.

Malheureusement, la cérémonie d’inauguration, qui devait avoir lieu mardi dernier, 14 avril, a été bien sûr annulée ; une petite cérémonie publique pourra peut-être être envisagée en septembre.

En attendant, voici les deux notices rédigées par Mme Florence Bottois, sur les deux familles.

 

Au 6 de la rue Ecuyère demeurent Meyer, Suzanne ABRAMOVITCH, leurs deux enfants et leur grand-mère.

Meyer Abramovitch de nationalité française, né à Paris le 26 avril 1901, exerce la profession de tailleur jusqu’à ce que la législation d’aryanisation économique lui interdise de travailler. Son épouse Suzanne, née Lehmann le 14 mars 1905 à Rouen, s’occupe des enfants et de la maison. Monique, la fille aînée, est née à Rouen le 9 octobre 1930 et son frère, Michel, est né à Bois-Guillaume le 25 juin 1937. Leur grand-mère maternelle, Marguerite Lehmann née Weill en 1880 à Colmar, est veuve et vit chez ses enfants.

Lors de la 1ère rafle de Juifs de sexe masculin âgés de 18 à 54 ans, dans la nuit du 6 au 7 mai 1942, Meyer Abramovitch est arrêté à son domicile, parce que né juif, par la police française sur ordre de la section antijuive de la Gestapo de Paris, avec l’aide du kommando régional de la Sipo-SD – Sicherheitspolizei – Sicherheitsdienst : police de sûreté et service de sécurité (SS) – installé près de la tour Jeanne d’Arc rue du Donjon. Il est détenu ensuite à la maison d’arrêt de Bonne Nouvelle secteur allemand pendant cinq jours et le 12 mai, il est transféré par le train de Paris et un autobus parisien dans le camp de Drancy où il est interné. Puis il est déporté par le convoi n° 3 du 22 juin 1942 dans le centre de mise à mort d’Auschwitz où il est assassiné.

Lors de la 3ème rafle de Juifs à Rouen, dans la nuit du 15 au 16 janvier 1943, Suzanne Abramovitch, Monique, Michel et Marguerite Lehmann sont arrêtés à leur domicile, parce que nés juifs, par la police française, sur ordre de la section antijuive de la Gestapo de Paris dont l’objectif est « de liquider le département de ses Juifs ». Après avoir été dépouillés de leurs biens personnels : clefs, argent, titres, bijoux au commissariat central, ils passent le reste de la nuit dans le centre d’internement de la rue Poisson, aménagé dans une partie du collège Fontenelle ; puis avant la fin du couvre-feu, ils se dirigent vers la gare rive-droite, sont transférés et internés à Drancy. Ils sont déportés par le convoi n° 48 du 13 février 1943 dans le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau où ils sont assassinés.

Abram Abramovitch dit Davis, le père de Meyer, de nationalité française, est né le 14 avril 1879 à Varta en Russie et exerce la profession de tailleur-fourreur 14, rue Socrate. Il lutte avec courage afin de préserver ses moyens d’existence et ses biens : il possède un faux certificat d’aryanité, ne porte pas l’étoile jaune et continue de travailler dans son atelier malgré l’interdiction. Mais le 12 décembre 1942, il est arrêté et interné à Drancy, sur ordre du très antisémite préfet régional Parmentier pour infraction à trois ordonnances nazies dont le non port de l’étoile jaune. Il est déporté par le convoi n° 53 du 25 mars 1943 à Sobibor où il est assassiné.

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Au 69 de la rue d’Amiens demeurent Ovsu, Rachel COFMAN et leur fille Monique.

Ovsu Cofman, de nationalité roumaine, né le 3 avril 1907 à Kichineff en Roumanie, vit en France depuis 1926. Il est marchand ambulant en bonneterie jusqu’à ce que l’ordonnance du 26 avril 1941 lui interdise de travailler. Rachel Cofman, son épouse de nationalité roumaine, née Stoczyk le 15 mai 1906 à Varsovie, vit en France depuis 1928 ; elle est marchande ambulante en bonneterie jusqu’à ce que la législation antisémite le lui interdise. Les époux Cofman ont perdu un enfant et Monique qui est née le 10 janvier 1939 est leur seule fille.

Lors de la 1ère rafle des Juifs de sexe masculin âgés de 18 à 54 ans, dans la nuit du 6 au 7 mai 1942, Ovsu Cofman est arrêté à son domicile, parce que né juif, par la police française sur ordre de la section antijuive de la Gestapo de Paris avec l’aide du kommando régional de la Sipo-SD, installé près de la Tour Jeanne d’Arc rue du Donjon. Il est détenu pendant cinq jours à la maison d’arrêt de Bonne Nouvelle secteur allemand et le 12 mai 1942, il est transporté dans un camion à la gare de Rouen rive droite, transféré par le train de Paris puis un autobus parisien dans le camp de Drancy où il est interné. Il est déporté par le convoi n° 57 du 18 juillet 1943 dans le centre de mise à mort d’Auschwitz où il est assassiné.

Lors de la deuxième rafle de familles étrangères et de six enfants français, dans la nuit du 9 au 10 octobre 1942, Rachel Cofman et sa fille Monique sont arrêtées à leur domicile, parce que nées juives, par la police française sur ordre de la section antijuive de la Gestapo de Paris. Elles sont conduites dans le centre d’internement de la rue Poisson installé dans une partie de l’actuel collège Fontenelle, où elles restent confinées dans le dortoir, jusqu’ à l’aube du 16 octobre. Elles sont alors dirigées vers la gare rive droite, transférées à Drancy où elles sont internées. Elles sont déportées par le convoi n° 42 du 6 novembre 1942 dans le centre de mise à mort d’Auschwitz où elles sont assassinées.

 

Photo de Monique Cofman, avec sa grand-mère et sa cousine, plus âgée, Liliane Stoczyk.