19 Déc

If

En Première, il faut besogner : l’examen de français est au bout. Un programme a cadenassé l’année : il étouffe chaque élève dans une chaîne dont chaque nouveau texte est un maillon serré. Au moins a-t-il cette ouverture : chaque nouveau thème mérite des éclairages. On n’analyse plus : on découvre et on se rue vers l’art pour arracher des pépites aux sentiers battus. Films, chansons, peintures, tout est prétexte à ouvrir les esprits et les univers.

En Première 2, on a profité d’une thématique dédiée à l’éducation pour lire dans un parcours buissonnier le texte de Rudyard Kipling : « If ». Tout le monde connaît : un père écrit à son fils… « Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie / Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir / Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties / Sans un geste et sans un soupir… » La conclusion est fameuse : « Alors les Rois, les Dieux, la Chance, et la Victoire / Seront à tout jamais tes esclaves soumis, / Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire / Tu seras un homme, mon fils ! »

L’occasion était belle : les élèves ont pu – enfin – reposer leur esprit d’analyse pour solliciter leur imagination. Le sujet : pasticher le texte de Kipling en l’adressant à l’éducateur idéal. Chacun a apporté sa strophe à cette création collective. Qu’ils soient tous vivement et tendrement remerciés !
Christophe RENAULT, Professeur de français

 

If

 

Si tu peux contempler le vestige de ta vie

Et, sans prononcer la moindre locution, tout reconstruire

Si tu sais l’éduquer

Sans le priver de sa liberté

 

Si seulement tu réalises qu’être maître de famille

Est un titre qui inspire le respect

Tu saisiras l’importance de l’aspect

Qu’elle a d’avoir comme titre celui de ta fille

 

Si tu sais aimer ce bébé

En n’attendant rien en retour

Si tu arrives à l’éduquer

Sans l’enfermer dans une tour

 

Si tu sais lui inculquer sensibilité, sagesse et volonté

Il saura patienter, quitter la paresse et te le prouver

Si tu sais le guider vers un amour sincère

Tu apaiseras son caractère

 

Si tu sais considérer comme mature

Ton plus jeune allocutaire

En gardant à l’esprit, sans une once de mépris,

Qu’un jour tu fus comme lui

 

Si tu peux accepter ses crises et ses désirs

Sans montrer que cela est un déplaisir

Si tu sais donner l’amour à ta famille

Comme un fil à une aiguille

 

Si tu peux être heureux sans le rendre malheureux

Et si tu peux être courageux quand il n’y a plus d’espoir, en le rendant plus fort

Si tu peux lui faire partager tes peines sans lui briser le cœur

Si tu peux lui ouvrir ton cœur malgré la distance qui vous sépare

 

Si tu sais préserver l’équilibre de cet enfant

En lui montrant que ce monde est accueillant

Sans penser que le protéger est essentiel

Le laisser prendre son envol, là-haut, dans le ciel

 

Si tu sais le gérer, le protéger et l’aider

Sans jamais devenir destructeur de son bonheur

Si tu sais lui redonner le sourire lorsqu’il lui est arrivé malheur

Savoir que tu es l’unique personne là, pour lui, à toute heure,

 

Si tu sais le protéger

Sans le priver de libertés

Et désirer le meilleur

Sans lui imposer tes idées

 

Si tu sais écouter sans juger

Ecouter les tourments et consoler les maux,

Apaiser les inquiétudes par des douceurs et transformer les pleurs en rires

Si tu sais deviner le mal-être derrière tous ses sourires

 

Alors, sous ton bienveillant regard, un jour, il affrontera la vie,

Les joies, les peines et les soucis

Un jour sera béni, celui où il t’adressera mille mercis,

Tu seras un bon maître !

 

La Première 2 (38 élèves)