13 Fév

Un mail bien sympathique

Bonjour Monsieur,

De longues années me séparent désormais de mon séjour à l’Institution Jean-Paul II. Pourtant, malgré la course du temps, les souvenirs du Lycée restent gravés dans mon esprit, défiant l’oubli tels les monolithes de pierres que l’on peut encore apercevoir sur d’anciens sanctuaires celtes. Mon parcours universitaire a été quelque peu acrobatique. Après un échec en L1 physique à l’Université Paris Saclay, j’ai obtenu une licence de biologie dans cette même université, puis un master de biologie moléculaire et cellulaire à Sorbonne Université. Aujourd’hui, je me lance dans la préparation d’une thèse en biologie fondamentale à l’Institut Jacques Monod.
Si le doute et l’échec ont marché dans mes pas au début de mon parcours, je suis désormais sûr de moi et confiant en mon avenir. C’est pourquoi je me tourne à nouveau vers mon passé et contemple avec gratitude l’héritage solaire et académique que j’ai eu la chance de recevoir. Mes années d’internat à Jean-Paul II ont été une expérience forte, marquante, heureuse. Je me souviens de ces rires, de ces cris, de ces gens à l’œil vif et à l’esprit éveillé, des petites passions de la jeunesse et des rixes de jeune gens, jamais malveillants. Pour moi, il y a aussi eu le jeu d’échecs, mon enthousiasme brûlant et incompréhensible pour le baby-foot, ainsi que les petites philosophies du soir avec de bons amis. Mais au-delà de mes souvenirs de ce printemps de vie, je voulais parler un peu de ce qui a fait pour moi la force de mon expérience dans votre institution. Je veux parler de cet esprit de camaraderie, de bienveillance et d’entraide que vous avez su diffuser parmi nous. L’internat était comme une grande famille, je n’étais jamais seul et j’ai toujours pu recevoir de l’aide lorsque j’en avais besoin. De l’aide pour les cours, de l’aide dans la vie de tous les jours et toujours une oreille bienveillante pour faire face aux grandes difficultés que l’on n’avoue jamais, mais dont on parle tout de même. En plus de recevoir, j’ai aussi appris à donner, notamment au cours de mon année de Terminale, où j’étais Capitaine à l’internat. Tendre la main avec bienveillance apporte au moins autant celui à qui elle appartient qu’à celui qui s’en saisit. 

J’ai aussi été marqué par le contact de mes enseignants, doués et attentifs, souvent passionnés et œuvrant avec habileté à la réussite de leurs élèves. J’ai tout particulièrement en mémoire Mme Dernoncourt, professeur de français, qui a soutenu mon passage en classe de Première S malgré mes notes parfois bancales dans les matières scientifiques. Également Mme de Froissard, qui m’avait demandé, un peu déçue : « Pourquoi n’as-tu pas choisis d’aller en L ? ». Ces deux professeures ont indubitablement contribué, par la littérature, à mon éveil intellectuel et je leur en suis très reconnaissant. Je me souviens aussi de Mme Paumier, une professeur d’histoire-géographie exceptionnelle qui m’a transmis un intérêt prononcé pour la géopolitique. Bien évidemment, je suis également très reconnaissant envers Mme Charpiot et de M. Robert, mes professeurs de Science et Vie de la Terre, qui m’ont initié à la biologie et ont su attisé ma passion grandissante pour cette discipline. 

Mais voici donc qu’il me faut déjà conclure, alors pour finir, je dirais seulement que je ne suis pas le seul à avoir vécu ce bonheur et que lorsque vient le délicieux moment d’évoquer le temps du Lycée avec mes amis les plus proches, la joie l’emporte toujours sur la mélancolie des jours passés.

Yannis REIGNIER, Ancien élève de l’Institution Jean-Paul II (2013-2016)