10 Jan

Le huis clos et le 7e art

Les Secondes ont étudié en classe le chef-d’œuvre de 1957 réalisé par Sydney Lumet, Douze hommes en colère. Dès lors, il nous fallait prendre un peu de perspective sur cette question. Comme en écho à l’externat, les internes ont donc examiné ensemble la question du huis clos au cinéma et cela dans le cadre du ciné-club de Jean-Paul II.

Avant de bien comprendre les ressorts de ce mode de narration, nous avons regardé quelques-uns des premiers films de l’histoire comme L’Arroseur arrosé, La Sortie de l’usine Lumière à Lyon, Bataille de boules de neige et Repas de bébé. Les internes, perspicaces comme à l’accoutumée, ont rapidement remarqué le point commun de ces courtes séquences. Il ne s’agit en effet que de plans uniques. Une seule bobine, pas de montage, et donc unité de temps, de lieu et d’action. Aussi, après avoir retracé rapidement l’origine de cette règle puis évoqué l’étymologie du terme de « huis clos », la porte fermée, nous en avons examiné quelques exemples contemporains.

D’abord 127h, sorti en 2010 et réalisé par Danny Boyle. Après une courte séquence d’exposition dans laquelle les internes ont bien noté tous les éléments mis en place qui joueront un rôle essentiel dans le déroulé de l’intrigue, l’intelligence de la réalisation autorise que la majeure partie du film tourne autour d’un unique acteur, James Franco, prisonnier dans une grotte. Comment alors réussir faire un film autour d’une seule personne enfermée et cela tout en réussissant à tenir en haleine les spectateurs ? Les remarques judicieuses de Sixte Bouffard ont notamment bien mis en lumière comment on devient progressivement partie prenante d’une histoire aux possibles en apparence si limités.

Deuxième exemple, Locke, sorti en 2013, réalisé par Steven Knight avec Tom Hardy. La porte close est alors celle d’une voiture en mouvement. Les internes, dont particulièrement Titouan Hémon, ont bien noté la manière dont nous sommes amenés à comprendre les enjeux fondamentalement moraux de cette narration à travers une série de conversations téléphoniques qui se déroule entre le personnage principal et l’extérieur de l’automobile. 

Finalement, dans The guilty sorti en 2018, réalisé par Gustav Möller.  Nous sommes bien cette fois dans une pièce à la porte close. Comme Jean de Robillard l’a bien analysé, la force de la mise en scène nous conduit à constamment imaginer ce qui se produit dans un lieu distant et à nous projeter, avec le personnage principal qui travaille au standard du SAMU danois, auprès d’une personne en détresse.

Julien DEHUT, Maître d’Internat