Pas de plus beau mot que « transmettre » pour définir notre métier d’enseignant. Enseigner, c’est être le relais de ce qu’on a reçu et le donner aux élèves. Enseigner, c’est être le relais des connaissances, des méthodes, d’un savoir-être et de tant de choses encore… Mais être un relais a ceci de triste qu’à la fin de l’année, nous voyons nos élèves partir vers d’autres classes et nous devons faire ce petit deuil du départ… Transmettre, c’est donc laisser partir… Et quand ces élèves sont ceux de Terminale, qui, après avoir reçu leur diplôme des mains de M. Eude, nous disent au revoir une dernière fois… Croyez-le, notre profonde joie est teintée d’amertume. 

Mais j’ai beau chercher dans tous les dictionnaires, il manque un sens au mot « transmettre ». Si vous me demandiez ce que signifie « transmettre » pour moi, je vous dirais sans hésiter que cela signifie recevoir. Il y a quelques jours, deux professeures ont eu la joie de déjeuner avec trois anciennes élèves. Elles nous ont appelées, l’une revenant de Lille pour quelques jours, l’autre sortant la tête de ses livres d’anatomie et la troisième se libérant d’un emploi du temps chargé de « prépa » à Corneille… Nous avons reçu cela en plein cœur, ce temps si précieux qu’elles nous ont offert… Cela m’a fait réaliser que « transmettre » signifie « recevoir ». Ces sourires d’enfants qui vous accueillent dans la classe : on reçoit ! Ces anciens élèves qui vous arrêtent dans la cour pour discuter : on reçoit ! Cet élève qui vous dit en juin que « en fait, lire c’est bien Madame ! » : on reçoit ! Et ces deux heures que vous nous avez offertes, Émilie, Anna et Augustine… : on les a reçues comme un cadeau ! 

Signé : une enseignante heureuse de recevoir