La chapelle et son trésor (par + D. Delaplanche)

L’Institution Jean-Paul II dispose d’un patrimoine religieux assez exceptionnel. Du reste, ce « trésor » a été exposé au public lors des Journées du Patrimoine, en 2006.

Voici un petit texte rédigé par Daniel Delaplanche, qui a longtemps été l’archiviste et le gardien des traditions de l’établissement.

 

LA CHAPELLE

« In situ », il reste peu de choses de l’aménagement de 1901. Mais bien des souvenirs subsistent, « dispersés aux quatre vents de l’édifice ». Ainsi les « pierres de consécration » sont-ils soigneusement rangées dans la sacristie ; de même, un « chemin de croix » (bois et émail), autrefois appendu aux piles de la nef, reste aujourd’hui dans la sacristie (il manque les trois premières stations).

Pour les vestiges de Bois-Guillaume, nombre d’éléments sont encore présents, ne serait-ce que les sièges, de velours vert, du sanctuaire, et les bancs néo-gothiques (1873) de la nef. Les « chapelles » du Supérieur et du Directeur sont dans l’oratoire où le « Christ espagnol » (il a toujours été là, Mgr Morin dixit) veille sur l’autel. N’oublions pas les bancs de bois ciré et les tabourets installés un peu partout en ces lieux.

Quant au tabernacle de l’autel majeur, il recueille pour finir les vases sacrés dans la sacristie de l’oratoire, après avoir servi dans un autre, démoli lors de la construction de la salle de réunion.

Depuis peu de temps, une « croix de procession » en laiton argenté du XIXème siècle, décore le pilier le plus proche de « l’orgue ».

La décoration actuel date des années 1960-70, période de rénovation : bancs à agenouilloirs mobiles dans la nef, crédences et tabernacle dans le sanctuaire. La « Vierge d’intercession », sur son piédestal en pichepin 1900, sculptée par Mme Cotelle-Clere, fut bénie le 2 février 1965. L’autel a été installé dans les années 1970 quand les Anciens Elèves ont refait les peintures et posé la moquette aux murs.

Signalons un remarquable Christ du début du XVIIème siècle, don anonyme (mais d’aucuns soupçonnent la famille Morin).

Dalle tumulaire de l'abbé Join-LambertDans le milieu de la nef, se dresse, après diverses pérégrinations, la dalle tumulaire de M. Join-Lambert (1873). Il y est représenté en costume de chanoine, ayant sous ses pieds le lévrier, symbole de la fidélité.

La bannière de Join-Lambert (broderie d’Anita Gazzeta, sur un carton d’Yves Pénisson) est suspendue dans l’oratoire depuis le 150ème anniversaire de la fondation.

La chapelle possédait autrefois un orgue Cavaillé-Coll de 15 jeux (907 tuyaux) répartis sur deux claviers manuels de 56 touches et un pédalier de 30 marches, construit en 1878 pour l’Exposition Universelle de Paris, installé en 1902 par le chanoine Antonin Delamare, maître de chapelle, et restauré de 1959 à 1962. Le buffet, en chêne massif, pesait deux tonnes cinq ! Il fut vendu en 1977 en raison de la construction de « L’Espace Anima ». Il sonne à présent dans l’église de la Sainte-Trinité de Bois-Guillaume ; retour aux sources !

Que sont devenus le grand Sacré-Coeur, élevé en 1901 au-dessus de l’autel ? Et cette « Vierge en bronze argenté, réduction de celle de Bourges », dont parle Mgr Lecoeur dans son journal ? Qu’est devenu le Saint-Jean-Baptiste, offert par Jacques Chastellain, après la mort prématurée de son fils, à 14 ans ? Mystère !

 

LE « TRESOR »

Parmi les vêtements liturgiques, il en est qui ne sont pas sans intérêt, comme les quatre ornements « roses », mais le plus important est sans doute le « drap d’or » ! Cet « ornement d’église » offert par les Anciens Elèves, en 1887, pour le jubilé sacerdotal de M. l’abbé Flavigny (voir inscription brodée au revers du voile du calice), est complet et presque intact.

Il comprend une chape (offerte par la famille) avec son fermail de pierreries, une chasuble « violon », l’étole presbytérale, le manipule, la bourse, le voile du calice et le voile huméral, ainsi que la tunique et la dalmatique avec l’étole diaconale. Cet ensemble, plus que séculaire, mais qui n’a peut-être pas beaucoup servi, est en bon état, étant de véritable fil d’or.

Quant aux vases liturgiques, légués à la Société Anonyme par des prêtres décédés, il forme un véritable trésor d’orfèvrerie dû à la seconde moitié du XIXème siècle.

Les plus précieux, aux yeux du souvenir, sont certainement le calice et le plateau de burettes en argent qui ont « souvent servi » à M. Join-Lambert (Mgr Flavigny scripsit).

Les ciboires d’argent ne manquent pas. Outre celui qui sert toujours dans l’oratoire, il faut en noter un, minuscule : s’agit-il de celui qui permit à Paul Lecoeur (4ème Supérieur) de donner la Première Communion à un interne, retenu au dortoir par la fièvre ? Parions-le !

Il existe aussi des ciboires en métal doré, pierres et émaux. L’un se trouve encore dans le tabernacle de l’oratoire, l’autre dort, engoncé dans sa boîte.

Pour les adorations, l’Institution possède un superbe ostensoir. Il est encore complet, avec sa lunule et sa custode. Il ne manque rien, pas même une Monstrance de la Vraie Croix où, dans la custode, se montre une écharde tirée de l’Arbre de Vie.

Les burettes, en verre ciselé (roseaux pour l’eau et pampres pour le vin) et armature en laiton doré, ne le cèdent en rien à d’autres, plus riches, en argent doré.

Les calices, eux aussi, sont nombreux. Outre celui du Chanoine Plé, qui est encore à l’oratoire, et celui de l’abbé Buscain (professeur de sciences dans les années 1890), rangé dans le placard, il faut admirer de somptueuses « valises-chapelles » où le poids de la patène permet d’avoir une idée de la quantité d’argent doré.

NB. Le « Trésor » ne se trouve plus maintenant dans la sacristie. Il est « au coffre ».

Chapelle de l'Institution