Lettre à la Communauté Educative n°21 (20 décembre 2017)

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Chers Parents,

Chers Membres du Personnel,

Chers Professeurs,

Chers Amis de l’Institution,

En quelques lignes, nous souhaitons vous parler de la joie et vous inviter à la joie ! Il ne s’agit pas, bien entendu, d’aborder la joie superficielle ou du plaisir d’un instant, mais de la joie profonde, intérieure, qui a ses racines dans les profondeurs de notre cœur.

Dans notre discours de rentrée, aux Professeurs, nous affirmions : « Éduquons les jeunes à la joie : nous pouvons souffrir, nous pouvons pleurer – notre humaine condition rend la souffrance et les pleurs contingents de notre existence – mais restons dans la joie (et il n’y a pas de contradiction à cela) ». « La joie chrétienne a une caractéristique unique, celle de pouvoir cohabiter avec la souffrance, car elle est entièrement basée sur l’amour » écrivait Saint Jean-Paul II, le 14 décembre 2003.

La joie est un cadeau qui se partage. Elle transforme notre regard sur les gens, les événements. La joie s’accompagne toujours d’un sentiment de paix et de plénitude.

Notre monde est marqué par la morosité, la souffrance et la dureté. C’est une évidence du quotidien. Mais que se passerait-il si chacun de nous était un peu plus joyeux ? Au-delà des soucis qui nous encombrent, que se passerait-il si nous n’étions pas enfermés, bloqués, immobilisés par ces mêmes soucis ?

Malgré les difficultés de la vie, nous pouvons choisir la joie. S’ouvrir à l’autre, élargir « l’espace de sa tente »…

Ainsi, en ce qui concerne la joie, l’être humain, fait pour être profondément heureux, est « équipé en série » de 3 options : le sourire, le rire, l’humour.

Le sourire, s’il est modeste en apparence, est en fait une arme absolue ! Il dégonfle l’orgueilleux et renforce le courage des fragiles que nous croisons. Un petit geste, un mot gentil, une caresse, un baiser, un petit cadeau de rien du tout ; si nous l’accompagnons d’un sourire, la personne croisée vivra une petite résurrection.

Le rire est essentiel à notre équilibre : « Il faut rire un quart d’heure par jour » disent les médecins… Le célèbre aphorisme de Rabelais nous rappelle que le rire est « le propre de l’homme »… Le rire peut être un « lâcher prise ». Et, en tout premier lieu, il faut savoir rire de soi ; indiscutablement, cela permet de prendre du recul et invite à une certaine forme d’humilité.

Quant à l’humour, c’est essentiellement un état d’esprit qui consiste à privilégier une « positive attitude »… Voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, voir ce qui est positif plutôt que ressasser ce qui est négatif… L’humour permet assez souvent de faire passer avec tact et délicatesse des choses plus difficiles à dire… et ne blesse jamais. Le mot lui-même est sympathique : il commence par l’humilité et se termine par l’amour…

Ainsi, la vraie joie, celle qui dure, est enracinée au fond de nous. Elle dépasse de très loin les vagues à l’âme, les ressentis ou les fulgurances un peu sombres, les petites désespérances.

Le Pape Paul VI écrivait : « Il existe de nombreuses joies humaines : le constat du travail accompli, l’audition d’une belle musique, la contemplation de la nature, des retrouvailles amicales… ». Si elles ne sont pas à placer sur le même plan, toutes ces joies sont structurantes et vont bien au-delà du simple plaisir momentané : elles parlent au cœur et peuvent aller jusqu’au tressaillement qui nous surprend, parfois jusqu’aux larmes… de joie.

Enfin, Jean-Paul II s’adressait, en mai 1998, à des jeunes en ces termes : « Vous ne deviendrez pas demain des adultes heureux si vous n’êtes pas aujourd’hui des enfants qui grandissent en sachant conserver le secret de la joie. Mais elle est trop importante pour que vous la gardiez pour vous seuls. Quand elle n’est pas partagée, elle se fait aride, elle s’évanouit. Voici alors la mission que l’Église vous confie au nom de Jésus : faites-vous les apôtres de la joie. »

Osons dire ce qui nous rend heureux, ce qui nous comble de bonheur. La réussite d’un examen, la réconciliation avec un camarade, l’aboutissement d’un projet après une période de doute, le fait de s’émerveiller que Dieu nous aime malgré nos misères personnelles. Débordons de joie, gardons le sourire malgré les contradictions, les incompréhensions et les injustices ; choisissons résolument d’être à contre-courant de la morosité générale !

Alors, oui ! Pour aider les jeunes à grandir, sans tomber dans un ravissement béat, soyons joyeux : ce sera aussi une belle manière de prendre soin de ceux qui nous entourent… car nous le savons bien : la joie est contagieuse ! Soyons des semeurs de joie : l’hiver passé, la moisson sera abondante !

A chacune et chacun de vous, un Noël… joyeux !

Très chaleureusement,

Sœur Chantal GREFFINE, Directrice de l’École                                

M. Jean-Dominique EUDE, Directeur de l’Institution